carpe diem
- Tiens ma chérie, c'est pour toi !
- Mais.... Pourquoi me donnes-tu cet argent ?
- Parce ce que dans moins d'un an, je ne serai plus là.
- .... Tu veux dire que tu vas mourir ?
- Oui ! Dit-elle avec un large sourire que Malika ne lui avait pas vu depuis longtemps. C'était un sourire de soulagement, de joie et de bonheur. Paradoxalement, annoncer sa mort la faisait revivre.
Hormis la présence de ses petits enfants, plus rien ne l'animait. Mais, à ce moment, elle avait retrouvé sa voix d'antan, celle d'avant que sa corde vocale ne lache. Elle n'était plus essoufflée et son cerveau semblait fonctionner à nouveau, comme libérée de l'emprise des médicaments. Sauf que, pour l'nstant, tout ceci n'était qu'un rêve de Malika.
Encore secouée par les images de ses songes, Malika se retrouva des années en arrière, propulsée en enfance. C'était le temps où, à l'heure des câlins et des jeux, elle recevait, avec son frère, les claques et les réprimandes de sa maman malade.
Malika ressasse ses deux questions qui l'obsèdent : pourquoi et depuis quand est-elle schizo ? Le déracinement peut-être ou le manque de nourriture dans son enfance ? En remontant jusqu'à ses huit ans , elle peut revivre les crises de sa mère.
C'était flippant, elle confondait tout : son mari était Satan (rien que ça), sa gosse était E.T. (un méchant extra-terrestre), et son deuxième bouffait des souris vivantes comme dans la série "V".
Au quotidien, c'était chiant : elle marquait le niveau des bouteilles d'huile parce que le liquide disparaissait pendant la nuit. Les serviettes éponges s'effilochaient toutes seules. Et le moindre accroc aux genoux des pantalons était un trou volontaire. En réalité, elle était persécutée par ses mômes qui entretenaient allègrement sa parano.
Pour un ado, ses hallus étaient tout de suite plus funs. Julien Lepers la traitait de salope, de pute, etc. : il n'était pas avare d'injures. Et elle continuait à l'aduler et à l'écouter. Ou encore, elle imaginait de la drogue planquée dans sa lessive en poudre. Du coup, elle appellait la gendarmerie pour protéger sa famille et casser le réseau de drogue. Pour son mari, c'était embarrassant d'expliquer ce qu'est une crise délirante aigüe. Il savait qu'après la visite de la maréchaussée, il devrait la conduire à la "maison de repos".
Malika s'efforce de comprendre sa mère. Aujourd'hui, elle est coincée entre schizophrénie et obésité, avec en embuscade diabète et hypertrophie du coeur.
Remarquez c'est logique : sa mère avait des hallucinations, alors elle a pris des médocs pour ne plus les voir ni les entendre. Du coup, elle est devenue obèse et son cerveau HS. Comme elle est trop grosse, le diabète s'est installé et le coeur a pris du volume comme le reste.
Cerise sur le gâteau : elle a perdu une corde vocale... C'est pas grave, il lui en reste une autre. Elle ne le sait pas encore qu'elle devient cardiaque parce qu'elle ne suit pas son régime contre le diabète. Quand elle aura les résultats de ses exams, les médecins ne feront pas les liens. Peut-être qu'elle ne leur aura pas tout dit... De toute façon, elle n'est pas bavarde : une fois récités ses menus de la semaine, elle précise qu'elle est fatiguée et qu'elle a besoin d'une sieste. C'est là tout ce qu'il y a à raconter de ses journées.
En vérité, la mère de Malika est un vide sans nom. Face à cette morte-vivante, Malika est impuissante. Sa mère veut aller au Paradis pour se libérer de son corps et de ses douleurs. Elle mettra tout son coeur à crever, comme quand on prend un racourci pour gagner du temps. Pour l'instant elle vit, mais carpe diem : le cauchemar sera bientôt réalité.
- Mais.... Pourquoi me donnes-tu cet argent ?
- Parce ce que dans moins d'un an, je ne serai plus là.
- .... Tu veux dire que tu vas mourir ?
- Oui ! Dit-elle avec un large sourire que Malika ne lui avait pas vu depuis longtemps. C'était un sourire de soulagement, de joie et de bonheur. Paradoxalement, annoncer sa mort la faisait revivre.
Hormis la présence de ses petits enfants, plus rien ne l'animait. Mais, à ce moment, elle avait retrouvé sa voix d'antan, celle d'avant que sa corde vocale ne lache. Elle n'était plus essoufflée et son cerveau semblait fonctionner à nouveau, comme libérée de l'emprise des médicaments. Sauf que, pour l'nstant, tout ceci n'était qu'un rêve de Malika.
Encore secouée par les images de ses songes, Malika se retrouva des années en arrière, propulsée en enfance. C'était le temps où, à l'heure des câlins et des jeux, elle recevait, avec son frère, les claques et les réprimandes de sa maman malade.
Malika ressasse ses deux questions qui l'obsèdent : pourquoi et depuis quand est-elle schizo ? Le déracinement peut-être ou le manque de nourriture dans son enfance ? En remontant jusqu'à ses huit ans , elle peut revivre les crises de sa mère.
C'était flippant, elle confondait tout : son mari était Satan (rien que ça), sa gosse était E.T. (un méchant extra-terrestre), et son deuxième bouffait des souris vivantes comme dans la série "V".
Au quotidien, c'était chiant : elle marquait le niveau des bouteilles d'huile parce que le liquide disparaissait pendant la nuit. Les serviettes éponges s'effilochaient toutes seules. Et le moindre accroc aux genoux des pantalons était un trou volontaire. En réalité, elle était persécutée par ses mômes qui entretenaient allègrement sa parano.
Pour un ado, ses hallus étaient tout de suite plus funs. Julien Lepers la traitait de salope, de pute, etc. : il n'était pas avare d'injures. Et elle continuait à l'aduler et à l'écouter. Ou encore, elle imaginait de la drogue planquée dans sa lessive en poudre. Du coup, elle appellait la gendarmerie pour protéger sa famille et casser le réseau de drogue. Pour son mari, c'était embarrassant d'expliquer ce qu'est une crise délirante aigüe. Il savait qu'après la visite de la maréchaussée, il devrait la conduire à la "maison de repos".
Malika s'efforce de comprendre sa mère. Aujourd'hui, elle est coincée entre schizophrénie et obésité, avec en embuscade diabète et hypertrophie du coeur.
Remarquez c'est logique : sa mère avait des hallucinations, alors elle a pris des médocs pour ne plus les voir ni les entendre. Du coup, elle est devenue obèse et son cerveau HS. Comme elle est trop grosse, le diabète s'est installé et le coeur a pris du volume comme le reste.
Cerise sur le gâteau : elle a perdu une corde vocale... C'est pas grave, il lui en reste une autre. Elle ne le sait pas encore qu'elle devient cardiaque parce qu'elle ne suit pas son régime contre le diabète. Quand elle aura les résultats de ses exams, les médecins ne feront pas les liens. Peut-être qu'elle ne leur aura pas tout dit... De toute façon, elle n'est pas bavarde : une fois récités ses menus de la semaine, elle précise qu'elle est fatiguée et qu'elle a besoin d'une sieste. C'est là tout ce qu'il y a à raconter de ses journées.
En vérité, la mère de Malika est un vide sans nom. Face à cette morte-vivante, Malika est impuissante. Sa mère veut aller au Paradis pour se libérer de son corps et de ses douleurs. Elle mettra tout son coeur à crever, comme quand on prend un racourci pour gagner du temps. Pour l'instant elle vit, mais carpe diem : le cauchemar sera bientôt réalité.